Faire une belle course pour terminer la saison ! Voilà l’objectif que je m’étais fixé après une longue saison de trail éreintante mais gratifiante avec sept victoires dont deux de prestige à l’Oxygen Challenge et à la CCC. Ma Saintélyon 2011 : récit d’une longue et intense nuit…
Il est environ 22h lorsque nous arrivons avec Sissi et mon père au parc expo de Saint Etienne pour rejoindre le reste des troupes du team Asics affûté et motivé pour réaliser un « truc » si nous le pouvons…
Nous sommes six du team au départ. Un plateau de très haut vol se présente sur cette course qui est l’une des doyennes du calendrier. Je suis prêt et serein. Malgré une saison longue et éprouvante, j’ai l’impression d’avoir du jus. J’ai tout fait pour me ménager même si je ne me suis poussé à l’entrainement durant les semaines de prépa pour cette échéance importante.
Le temps de dire bonjour, de passer à la conférence de presse publique et me voici dans le bain à H-1. L’heure de se replonger dans l’objectif du jour, le matos, le ravitaillement, la stratégie du jour et de mettre tout ca au point avec le coach.
La course va aller vite, très vite (plus de 14 km/h) et toutes les secondes sont bonnes à prendre. J’opte pour le short, débardeur court, chaussures de route et le casque Ultra Belt de chez PETZL pour être sûr de bien y voir durant toute la course. C’est un vrai phare à intensité modulable, très plaisant de pouvoir aller vite en toute sécurité dans la nuit !
A quinze minutes du départ, nous sommes tous à pied d’œuvre à l’échauffement. Le départ est donné devant le « chaudron vert » pour la première fois et c’est un beau clin d’oeil sportif que de se retrouver au pied de « Geoffroy Guichard » pour une si belle épreuve.
Départ
Minuit ! Le coup d’envoi est donné dans une ambiance survoltée et c’est un peloton de 5000 frontales qui va être à nos trousses durant toute cette nuit de course. Départ extrêmement rapide sous l’impulsion de Thierry Breuil et Manu Meyssat qui prennent tous les deux les commandes du peloton durant les six premiers kilomètres.
Très rapidement, ce même peloton s’étire et nous nous retrouvons un maigre groupe au pied de la première difficulté du jour, pardon de la nuit. Nous rejoignons le gros du peloton des relayeurs partis 15 minutes plus tôt et il est parfois difficile de se frayer un chemin même sur les larges routes de début de course. A mi-pente, je décide de me placer en tête pour décocher une petite accélération et tester la réalité des vraies forces en présence…
Nous nous retrouvons alors à cinq devant au sommet de la difficulté avec Sylvain Court et Erik Clavery, mon pote de team qui vient juste de recoller. Après une seconde difficulté, je sens que les jambes chauffent un peu et je décide de temporiser…
Je connais bien le parcours et sait parfaitement les portions où je pourrais revenir. Je pense commettre une erreur parce qu’avec la nuée de coureurs, je n’aperçois vite plus les échappés qui se fraient un chemin parmi les relayeurs… Je suis donc seul un peu perdu au milieu de tout ce monde ! Je reste cependant concentré même si je sais que je suis en train de perdre du temps sur cette erreur. Je me dis que ce sont des forces que j’aurais plus tard cependant. La course et encore longue…
La concurrence est rude
Aux abords du premier ravitaillement, David Pasquio, le Breton, revient sur moi à une bonne allure et semble très bien. Il sort d’une grave blessure et a retrouvé une excellente condition que l’on avait entrevue aux Templiers il y a un mois. C’est un allié providentiel à ce moment de la course et nous décidons d’évoluer de concert durant les kilomètres qui suivent.
L’écart se stabilise mais l’allure imprimée nous fait dire que le groupe explosera tôt ou tard devant… La seconde portion est plus technique et plus difficile que la précédente et il faut vraiment être vigilant sur le posé de pied et le dosage des efforts car on se rend parfois moins compte des difficultés dans le noir. Dans ce domaine, David, qui possède une énorme expérience, est un formidable poisson pilote et je dois avouer que je reste le plus souvent en retrait dans son sillage…
Arrivé à mi course, l’écart est toujours stable autour de deux à trois minutes mais on nous annonce que le groupe est en train d’imploser. Manu Meyssat, mon pote de team et local de l’étape, un des grands favoris de l’épreuve, en a fait le premier les frais et nous le récupérons dans un sale état quelques kilomètres plus loin. En continuant à ce rythme, nous reprenons également Sylvain Court qui maintient lui un très bon rythme.
La deuxième partie du parcours est plus roulante et c’est ici qu’il faut reprendre du temps pour ceux à qui il reste des forces. Nous gardons ainsi une bonne vitesse et Sylvain qui semble encore assez disponible physiquement nous accompagne. Nous sommes donc en course pour le Top 5.
A l’avant dernier ravitaillement, à 23 kilomètres de l’arrivée, je décide de passer la vitesse supérieure avec les forces qui me restent. Au prix d’une grosse accélération, je décroche David et Sylvain et décide de ne plus me retourner. J’accélère encore un peu et trouve le soutien pendant quelques hectomètres d’un relayeur qui commence logiquement son relais… Mon allure est bonne et je vois au loin une frontale en perdition… Il s’agit de Thierry Breuil qui a laissé partir Erik et qui est en train de réellement baisser les armes, a priori complètement exténué.
Je fonds sur lui et arrive ainsi en seconde position au dernier ravitaillement. Je ne reprendrai pas de temps dans les dix derniers kilomètres ultra plats et conserverai cette place jusqu’à l’arrivée en creusant un peu plus sur l’arrière…
Au final, je cumule une troisième seconde place sur cette épreuve qui se refuse décidément à moi… Pas facile à encaisser mais je fais une course pleine, difficile de nourrir des regrets à part une ou deux petites erreurs tactiques qui n’auraient rien changé au classement. Il faudra revenir l’an prochain, c’est aussi simple que ça !
Matthieu Boutin dit
félicitation à Manu!!je me rends compte que c'est un grand tacticien avec un très bonne gestion de son corps!!juste à titre personnel, je voulais savoir si tu courrais avec un cardio seul ou aussi avec une montre GPS pour gérer ton rythme?
Arthur Hulin dit
bravo papa rodolphe