Chaque semaine (ou presque), Runners.fr propose un test exhaustif d’une nouveauté de chaussures dédiées à la pratique du running. Peut-être n’est-il pas vain – en attendant la mise en ligne prochaine d’un « Shoe Finder » – d’évoquer la méthode employée lors de ces tests…
Depuis que le site Runners.fr existe, nous vous proposons systématiquement, chaque vendredi, un test produit souvent consacré aux chaussures de running. Largement plus d’une centaine déjà publiés.
A propos de ces tests, vous nous posez souvent deux questions :
La première, un peu rhétorique, est de demander comment un test, réalisé par un seul coureur peut être représentatif de ce que sera le ressenti des autres coureurs vis-à-vis des chaussures considérées. A cette question, il n’y a pas, si j’ose dire, de vraie réponse, tant nos morphologies et nos pratiques sont diverses — si ce n’est de dire que ce qui constitue la base de nos tests n’est, ni plus ni moins, que de vérifier la véracité des affirmations de l’équipementier, dans sa fiche technique ou ses publicités, au sujet de son produit. Il est vrai que ces dernières se résument souvent en « la chaussure idéale pour tous les coureurs avec un compromis amorti, dynamisme, maintien, stabilité, accroche au top du top » mais en sachant lire derrière les mots, on arrive à distinguer les quelques caractéristiques principales théoriques de la chaussure.
La seconde, plus pratique, est de connaître notre manière de procéder et dans quelle mesure elle peut, à l’exception de la durabilité – qui supposerait des essais longue durée pas forcément compatibles avec les agendas éditoriaux et commerciaux – se prétendre exhaustive et pertinente.
> Question de périmètre
Vous aurez constaté que nos comptes rendus de test font souvent fi de tout ce vocable anglo-saxon propre à chaque marque pour désigner telle ou telle technologie censée être révolutionnaire. Outre le fait que recopier au mot près une fiche technique n’a pas grand intérêt, nous avons délibérément placé nos tests sous l’angle du ressenti. Libre ensuite à chacun de se rendre sur les sites Internet des marques ou des e-vendeurs pour se constituer le lexique qui lui convient.
La lecture de la fiche technique est cependant un préalable indispensable afin de déterminer le cadre d’utilisation théorique de la chaussure ainsi que sa cible clientèle. Cela permet de confier le test à un coureur / une coureuse partie intégrante de cette cible, de lui préciser sur quels types de terrain faire évoluer la chaussure (inutile d’aller tester une racer en montagne pour écrire que « cette chaussure n’est pas très stable sur des parcours type UTMB) et figer une gamme minimale d’essais au travers de séances adaptées. Reprenons le cas de notre racer, ne faire que des footings tranquilles n’aurait aucun sens puisque cette chaussure est destinée à la vitesse exclusivement. Rien n’empêche évidemment notre testeur, une fois ce socle réalisé, de partir en exploration et de titiller les limites hautes et basses du modèle. Limites qui seront ou pas évoquées dans l’article publié, après analyse éditoriale, si elles apportent quelque chose à la connaissance de la chaussure. Si une chaussure, typée course courte par la marque, s’avère, en fait très à l’aise sur de l’ultra, il est entendu que nous l’évoquerons.
> Un protocole en question
Nous estimons que pour qu’un test chaussure soit significatif – toujours à l’exception de l’aspect durabilité – il faut qu’il s’étende sur un minimum de 150 kilomètres ou l’équivalent d’une dizaine de sorties d’entraînement ce qui laisse le temps, d’une part, de s’habituer à la chaussure, d’autre part, de passer outre l’effet « changement de pré réjouit les veaux ».
Dans un premier temps, il va s’agir d’évaluer la chaussure en test sur l’échelle des caractéristiques standards que sont amorti, stabilité, accroche, dynamisme, confort. Pour un testeur expérimenté ayant déjà eu l’occasion d’évaluer des dizaines de paires, il est relativement aisé, avec en tête tout cette « base de connaissances », de se prononcer de manière globale rapidement. Pour ma part, une sortie d’une dizaine de kilomètres avec un mix footing et passages à allure soutenue suffit généralement pour une première idée qui, la plupart du temps, se confirme par la suite.
> Les tests Runners.fr à la loupe…
Pour une chaussure de route, le protocole de test est généralement le suivant :
1) deux à quatre sorties d’une heure à allure modérée pour se familiariser avec le modèle et commencer à l’appréhender notamment sous les aspects confort du chaussant et amorti.
2) une séance de travail en côtes précédée de foulées bondissantes sur le plat afin de juger du dynamisme intrinsèque et mesurer le retour énergétique de la partie avant de la semelle.
3) une séance de 6×1000 mètres sur route pour jauger du dynamisme global de la chaussure (plus exactement voir si elle limite ou pas le dynamisme propre du pied) et de la vitesse de transition arrière->avant.
4) une éventuelle séance de fractionné court pour une chaussure typée racer / entraînement rapide.
5) deux sorties longues d’au moins 20 km pour analyser le comportement à la fatigue, si vous me pardonnez l’expression, c’est-à-dire la dégradation éventuelle des sensations au fur et à mesure des kilomètres.
6) une séance avec de nombreuses relances (virages, faux-plats …) et si possible du mouillé quand la météo le permet pour mesurer, entre autres, les qualités d’accroche. Pour une chaussure de trail, le protocole de test sera similaire en remplaçant les fractionnés par du fartlek et en se focalisant lors de certaines sorties sur les aspects protection.
Au-delà de ces séances qui forment une sorte de classique, nous chercherons à vérifier plus particulièrement certains points de l’argumentaire marketing de la marque. Un exemple récent, celui de l’Airia One (notre test) censée faire courir plus vite qu’une autre chaussure, où j’ai mis en place des séances de type comparatives avec mesures des vitesses, des FC, des amplitudes et fréquences de foulées en alternant l’Airia One et une paire de référence (en l’occurrence la Scott Race Rocker 2.0 ou la Mizuno Wave Hitogami).
> Des idées plutôt qu’un verdict
Le protocole que nous mettons en place est sans doute critiquable. Il a, cependant, le mérite et notre retour d’expérience le prouve, d’être relativement exhaustif et pertinent, même si la qualité du rendu final peut dépendre de la capacité de chaque testeur à exprimer clairement son ressenti. N’oublions cependant pas que nos tests n’ont pas pour vocation de délivrer un verdict universel et incontestable sur telle ou telle chaussure au motif que nous aurions la science infuse et le degré le plus haut d’expertise mais plutôt de vous donner une idée de ce qu’elle peut vous apporter si votre profil d’utilisation est le même que celui de notre testeur.
édité le 16/07/2014 par Fred Brossard |