Le ciel est métallique. Olivier se tient immobile derrière la haie des photographes. Silhouette apaisée au cœur du tumulte. « 2h56 ! », me dit-il avec une conviction radieuse. Et désignant son maillot Free Runners : « C’est grâce au club, grâce à Marie, grâce à toi. » Olivier vient de loin. De la DT1, la toute première Dream Team de Runners.fr. Savait-il en s’embarquant dans l’aventure qu’il ferait un jour partie de l’aristocratie des marathoniens, de ces femmes et de ces hommes qui ont couru les 42,195km en moins de 3h ?
Quelques minutes plus tôt, c’est Renaud et JR, les inséparables de la DT2, qui ont franchi la ligne d’arrivée du Marathon de Paris. 2h39 pour Renaud. 2h44 pour JR. J’observe longuement Renaud. De la joie mais de la retenue aussi – et comme une pointe de tristesse : le corps s’exprime parfois de manière mystérieuse. Renaud semble imploser émotionnellement. Il se plie en deux, pleure, refoule quelques sanglots, remercie ses copains. Je m’éloigne avec de la buée sur les lunettes. Tant de souvenirs de courses passées filent devant mes yeux…
Le soleil irise l’avenue de la Grande-Armée. Progressivement, le flux des marathoniens devient plus dense. Je cherche les maillots rouges des Free Runners et me laisse happer par le spectacle de ces centaines de silhouettes qui s’autorisent enfin un peu de répit. Combien sont-ils – tout à l’heure encore étrangers les uns aux autres – à se donner l’accolade, à se féliciter et parfois même à se consoler ? On se tient par l’épaule. On marche comme on peut, jambes en bois, jambes de bois, sourires qui plissent le front mais mentons qui tremblent. J’ai manqué Clémence. J’ai manqué Catherine. J’attrape Ivan. Pourquoi porter des gants ? « Pour mieux se moucher ! », plaisante-t-il. Le Buster Keaton de la DT renâcle à sourire. Son maillot rouge est trempé. Il file vers la médaille de finisher. Je lui fais promettre de donner des nouvelles. Il est ému.
Voilà Zeinab. Elle tremble de la tête aux pieds. Je la prends dans mes bras. Elle me montre l’écran de sa Garmin. Je comprends qu’elle est passée sous les 3h30. La petite Libanaise de la DT3 est une mine d’or. Je la félicite. Je l’entends qui murmure dans mon oreille : « Je n’y crois pas. » Jean-Sam, le puncheur de Free Runners, marche les jambes raides. « Plus rien, je n’ai plus rien, souffle-t-il. Le cardio, ça va mais les jambes ne me portent plus. » Caroline est là. Enfin là, avec David à ses côtés. Elle ne dit rien, pose son front sur mon épaule, ne bouge plus. Je sais les efforts qu’elle a fourni pour en arriver là. Je sais les périodes de doute, les blessures, les chagrins. Je lui murmure : « Tu es enfin marathonienne, ma belle championne. »
Paris est Paris. Et il n’y a qu’à Paris – un dimanche de printemps – que la symphonie marathon prend une dimension aussi sincèrement lyrique. J’entends des cris de joie et je vois des lèvres soupirant d’étranges prières. J’énumère silencieusement les prénoms de tous ces coureurs en rouge que je devine et qui me font frissonner : Pierre, Blandine, Fabien, Mildried, Thibault, Marie-Anne, Arnaud, Guillaume, Julie, Patricia, Cédric, Lisa, Marie, Aurélia, Eléna bien sûr. Et tant d’autres encore. Je scrute une dernière fois l’horizon embouteillé par les milliers de corps jetant leurs dernières forces jusqu’à la banderole. Je me fais une promesse : l’année prochaine, si Dieu veut, je serai avec eux. Au milieu d’eux. Simple Free Runner parmi d’autres…
Pascal.silvestre@runners.fr
Suivez moi sur Twitter @PASCALRUNNERS
Bourbon sebastien dit
Salut à tous !
Finisher en 3h30 je tiens à remercier tous les free runners qui tout le long du parcours ont encoouragé mes efforts et m’ont poussé vers l’accomplissement de mon objectif « sans rien lâcher ! »
Un grand merci à vous tous et Bravo a tous les finishers de cette très belle édition 2015
Sébastien