Comme beaucoup de runners, Sabrina a longtemps entretenu un rapport compliqué avec l’élément liquide. Mais la nécessité d’effectuer un travail cardiovasculaire sans pratiquer la course a eu raison de ses appréhensions. Elle s’est jetée à l’eau. Récit d’un coup de foudre…
Ça commence de manière tragique et pourtant banale : genou en vrac. Diagnostic : interdiction de courir, de pédaler et même de brasser pendant plusieurs mois.
– C’est comme ça et pas autrement, me dit le toubib.
– Et je fais quoi en attendant de pouvoir courir ?
– L’eau, mademoiselle. Le crawl…
– Mais je suis nulle en crawl !
Je viens de loin car je suis une vraie runneuse. Cinq séances hebdomadaires : la course à pied est essentielle à mon équilibre. L’idée même d’être privée de ma dose d’endorphines ou de perdre mon endurance et ma condition physique m’est insupportable.
Mais, en sortant de chez le médecin – et face à la perspective d’une période interminable à traverser sans le moindre footing à me mettre sous le pied -, je n’ai d’autre choix que de ravaler ma fierté de runneuse et d’enfiler le maillot de bain.
Je plonge. Une horreur ! C’est que j’accepte difficilement la lenteur et l’humilité du débutant… Mes bras de marathonienne manquent de force. Je m’épuise en battant des jambes comme une forcenée. Tout ça pour rejoindre le bord du bassin en naufragée.
Je fais abstraction du froid et des courants d’air, du chlore qui irrite ma peau, des lunettes qui marquent les yeux,
Heureusement, mon passé de coureuse m’a doté d’un cœur endurant, d’un corps gainé et d’un mental tenace. Je bois la piscine, mais je m’accroche. J’essaie d’oublier la course. Je me dis que ma place est à jamais dans l’eau. Je fais abstraction du froid et des courants d’air, du chlore qui irrite ma peau, des lunettes qui marquent les yeux, des orques qui me doublent et des lignes qui bouchonnent.
Je crawle 40min. Parfois, pas plus de 30min. Certains jours, mes bras ne supportent que 25min. Je ne lâche pas. J’y retourne quand même le lendemain.?Progresser en crawl comme en course à pied demande un travail structuré et de l’assiduité.
Alors, je m’organise : piscine municipale entre midi et deux, bassin olympique plus intimidant le week-end. Je prends un cours particulier pour revoir les bases techniques du crawl, délaisse les sites de running pour ceux de natation, collecte des infos. Je sollicite mes amis triathlètes pour apprendre à diversifier mes séances, comme pour la course à pied : échauffement, endurance, éducatifs jambes et bras, travail de respiration, fractionnés, demi-tour…
J’aime la douce fatigue que génèrent les séances d’entraînement dans l’eau. Sans douleur musculaire ni articulaire…
Finalement, je connais la chanson. Elle devient divertissante et, pour tout dire, me plait. Je m’aventure dans les lignes d’eau plus rapides. Mon bras va chercher plus loin, plus profond. Mes mouvements de jambes s’apaisent. En réglant un détail après l’autre, j’améliore ma glisse et je parviens à crawler 500m sans épuisement.
Forte de mes premiers progrès, je pousse la porte d’un club avec l’envie de retrouver une émulation de groupe. Le coach valide mon crawl et m’inscrit dans le niveau intermédiaire. Je me sens aussi fière qu’avec ma première médaille de course autour du cou !
Mieux encadrée, je me concentre sur ma technique. J’apprends à ne plus lutter contre l’eau. Trois mois seulement ont passé depuis mes premiers plongeons et un univers nouveau s’offre à moi. J’attends désormais mes séances avec impatience. Elles m’allègent l’esprit, me détendent et me permettent d’oublier ma blessure et ma passion sportive initiale. J’aime la douce fatigue qu’elles génèrent, sans douleur musculaire ni articulaire. En comparaison, je m’étonne de ce que j’ai enduré en courant. Aujourd’hui, je crawle 1500m sans difficulté et je reprends petit à petit la course à pied. Je n’envisage plus l’un sans l’autre, sachant que le temps inexorablement me conduira à une pratique plus subtile, alternant des sports complémentaires. Mon planning va être chargé !??Seul le piquant de la compétition m’a manqué, mais je songe avec enthousiasme à quelques aquathlons avant d’oser courir davantage…
Sabrina Cressend
Philippe Thuret dit
Bravo pour la reconversion temporaire, moi je n'arrive pas à m'y résoudre, peut être qu'avec ton expérience je vais changer d'avis ;-)).
Patricia Lossouarn dit
La natation, je m'y suis mise il y a quatre semaines. Et, comme le vélo ou la course à pied, je suis devenue accro….Du fait de ma blessure et de ses contre-indications, je ne peux nager qu'avec un pull buoy et en m'attachant les jambes pour n, e pas les solliciter mais, j'avoue que cela m'aide beaucoup à progresser dans ma rééducation…..
Nathalie Tanali dit
COURAGE, tu vas ressortir encore plus forte de toutes ces épreuves, tu as raison d'apprécier la natation, c'est un excellent sport en attendant tes runnings qui te feront courir vite dans un futur j'espère le plus proche possible
Vivancos Boudiaf Nora dit
et pat idem pour moi,j'adore nager,et je peux te dire que je suis devenu une vrai acro,je pense que tu es dans la bonne voie,bonne continuation et surtout donne moi des news,bizzz a vous 3!!!!!au fait clarisse rentre au collège?
Patricia Lossouarn dit
elle passe en 6ème! La classe. Fini de rigoler à partir de Septembre… ;-P
Arnaud Dilic dit
Bientôt triathlète… Bonne continuation, moi aussi je préfère avec le pull boy ( c'est plus simple)…
Patricia Lossouarn dit
J'aimerais bien… Le gros , très gros hic, ce sont les crochets qui m'ont été greffés au niveau de l'ischion pour "recoller" les tendons.. impossible de m'asseoir sur une selle de biclou pour l'instant. J'espère vraiment que ça passera, parce que sinon non seulement le duathlon, c'est mort mais je passerais ainsi à côté d'un de mes vieux rêves: faire Nice…
Patricia Lossouarn dit
Salut Sabrina merci pour tes encouragements, c'est bien sympathique…. Accro à la natation, moi? Complètement! C'est dingue d'ailleurs. je ne pensais pas que je prendrais un tel plaisir à humer l'odeur de chlore, à me grelotter dans les courants d'air et sortir dans la rue, après une séance, avec de grosses traces de lunettes autour des yeux qui donnent un un air de zombie… 😉 Sans rire, j'adore ça et, même si les sensations sont radicalement différentes de la course à pied, j'avoue que le plaisir que j'en tire est au moins équivalent. Je "nage" toujours avec mon pull buoy (interdiction tjs formelle d'utiliser mes ischios…) et toujours en crawl (interdiction d'utiliser une autre forme de nage). La nouveauté, qui n'est pas des moindres, c'est que le club de triathlon local m'a gracieusement "invitée" à partager leurs lignes d'eau. Je pense sincèrement que OUI, en Septembre, Patricia Lossouarn sera licenciée en master en FFN :-))
Patricia Lossouarn dit
Au fait… J'ai acheté aussi des bâtons de marche nordique…. ;-)) Génial pour la rééduc, mon kiné ne connaissait pas et il est ravi de cette "découverte"!
Dominique Oliva dit
je suis dans le meme cas.. et en plus j’étais licencié en club ado (il y a plusieurs dizaine d'années ! )et je me demande si je vais pas retater de la compete !