Employé à toutes les sauces, en particulier pour promouvoir de nouvelles gammes de produits, le terme « minimalisme » s’éloigne de sa définition première et, par voie de conséquence, de sa philosophie originelle. Le Professeur met de l’ordre dans ce début de bazar…
Jusqu’à présent, je distribuais à tour de bras l’étiquette « minimaliste » à toute chaussure répondant plus ou moins aux fameux quatre critères que je vous avais évoqués dans un précédent article.
Et voilà que certaines marques, Merrell, par exemple, pour ne pas la nommer, se mettent à employer sans rire le terme barefoot, littéralement « pieds nus », pour désigner explicitement une chaussure dont le drop est inférieur à 4mm.
Mais ce n’est pas tout, sinon ce serait trop simple. Brooks qui sort début octobre, à grand renfort de publicité, une gamme de quatre modèles « minimalistes » – aïe, je vais me faire taper sur les doigts par les responsables de l’équipementier – sous le label de projet PURE, met en avant le Natural Running, courir naturel. Même approche chez Nike avec la gamme Free.
Minimalisme,
barefoot, courir naturel ?
Avouez qu’on risque d’y perdre son latin. En fait, ce trio de mots a acquis ses lettres de noblesse auprès des spécialistes marketing et des analystes stratégiques parce qu’il résume désormais un réel segment du marché.
La catégorie « barefoot » désigne toute chaussure dont le différentiel de hauteur talon-pointe est théoriquement nul. Pour certains analystes, toute chaussure dont le drop est inférieur à 4mm est également à ranger sous ce label. Mais le drop, qui a pourtant le mérite d’être objectif et mesurable, n’est pas le seul critère. Entrent également en compte l’aspect « perception sensitive sur sol » – qu’on pourrait presque traduire par épaisseur de la semelle. Celle-ci devant interférer le moins possible entre le pied et le sol ainsi que l’absence d’amorti.
La catégorie « courir naturel » désigne une chaussure dont la semelle est suffisamment souple et articulée pour autoriser tout mouvement du pied, notamment une foulée sur le médio-pied, sans pour cela qu’elle soit dépourvue d’amorti ou que son drop soit nul. L’archétype de cette catégorie est la Nike Free 3.0 V3 et sa semelle rainurée. Autre icône en devenir, la Brooks Pure Connect, une vraie zéro-drop mais à la semelle relativement épaisse et amortie.
Enfin, la catégorie « minimaliste » désigne … les autres chaussures se revendiquant de la mouvance. Cette dernière catégorie est, à mon avis, appelée à disparaître et ce pour deux raisons :
• l’expansion du marché du « minimalisme » va passer par une forte croissance en parts de marché des modèles Natural Running plus accessibles au commun des runners car moins exigeants et ne nécessitant pas de longues phases d’adaptation.
• les équipementiers vont avoir tendance à réduire le drop de leurs modèles classiques tout en maintenant leurs caractéristiques d’amorti et de maintien / stabilité. On ne pourra alors plus parler de « minimalistes ».
Ne vous inquiétez donc pas si vous voyez mon vocabulaire évoluer dans un proche avenir…
Daniel A. Dubois dit
Excellente intervention à un moment charnière où les équipementiers s'engouffrent (et nous ne nous en plaindrons pas) dans un marché émergeant ! Mais il est indispensable de clarifier à la fois les caractéristiques techniques ainsi que le vocabulaire (ses néologismes et son emploi à bon escient) et sa précision… Le Professeur veille et réagit sans temps mort : le minimalisme reste vigilant et évitera ainsi les dérives…
Henry Chinaski dit
Il y a aussi l'asics 33 annoncée comme minimaliste par certain alors qu'elle est au même niveau que la nike free.
J'aime bien le terme courir naturel.
Fred Brossard Runner Bio dit
derrière mon « analyse », il y a côté équipementiers, une recherche du meilleur positionnement stratégique possible dans un marché en pleine croissance. Et pour se différencier, rien de tel qu’une « étiquette » associée à une segmentation du marché qui paraît claire au consommateur. Aujourd’hui le « minimalisme » est encore jeune et toute chaussure conçue pour laisser le pied s’exprimer (y compris la Nike Free par exemple) peut être taxée de « minimaliste ». Demain, chaque marque va essayer de rentrer dans une catégorie plus précise. On le voit déjà avec la gamme PURE de Brooks qui ne veut pas du tout qu’on lui adosse le terme « minimaliste » alors qu’elle en est plus proche qu’une Nike Free. De même, Nike ne vend pas du tout la Free comme minimaliste mais comme du « courir naturel » …
Phil Driscoll dit
Je crois que nous pouvons tousse "quoté" notre gamme favorite de soulier 'minimaliste'. Cependant, je me force a être celui qui vous rapel que ce concept de course est concu, selon Vibram, pour être un soulier de transition avant de courrir complètement pied nue. Cela fait maintenant 15 mois que je cour uniquement avec des VFF et je suis maintenant rendu a courrir une fois sur 3, les pied nue.
Les Compagnies de soulier minimaliste veulent nous gardé comme client mais le concept original n'etait pas à l'intention de but lucratif inuquement. Le concept était aussi partie pour une simple raison:"Un mode course Santé et avec moin de blessure."
Fred Brossard Runner Bio dit
Vibram n'a pas de but lucratif et serait une entreprise philanthropique ? 🙂 Pour info, la marque vend ses semelles minimalistes aux autres équipementiers pour des prix très élevés et sa gamme en propre ne cesse de se compléter à des prix toujours très chers.
Phil Driscoll dit
Je comprend ca et j'en suis très concien. Je veux juste dire que leur concept 'FiveFingers' était originalement sortie comme un produit de transition pour allé complètement barefoot.